Valentine est issue d’une bonne famille du B***. On s’est rencontrés en 2007. Architecte, j’avais des soucis de permis de construire. J’en touche deux mots à ma nouvelle copine et la voilà qui téléphone au sous-préfet. C’est son oncle. Mes problèmes ont aussitôt fondu comme neige au soleil. Un membre du clan avait toujours la solution. Je me castagnais dans un bar ? Dix minutes de trou et on me relâchait avec des excuses. Je sortais avec la fille de J. R. Ewing. Ces quatre ans sont passés comme dans un rêve. On avait une belle maison avec une suite parentale, un atelier (je fais un peu de BD à côté). Le week-end, on allait au C***, avec toute la famille, les chiens, les gosses. Autour d’un barbecue, on buvait du Campari en échangeant des ragots. Mon désir pour Valentine s’est éteint au bout de six mois.
Partir, je n’y songeais pas. Tout était réglé comme du papier à musique.La deuxième année, j’ai commencé à bosser avec son père sur un gros projet pour ses anciennes poissonneries : une médiathèque. Mon idée. Raymond m’a imposé pour dessiner le bâtiment. Et voilà que j’avais 30 ans et que je demandais Valentine en mariage. La bague m’a coûté un bras. Le soir même, ma fiancée m’a cuisiné un agneau madras en porte-jarretelles. Il a fallu que je la prenne sur la cuisinière. Je la pilonnais en me concentrant sur l’idée de ma médiathèque. L’agneau clapotait dans la casserole.
source: Yahoo.fr