Chaque ado est unique et chaque crise a ses particularités. On vous fait partager quelques expériences et découvrir les solutions qu'ont trouvées certaines mamans pour mieux vivre cette période. Avec l'avis de Véronique Moraldi, spécialiste de la question adolescente.
On a vu un psy"
"La crise de ma fille qui a aujourd'hui 15 ans, a commencé à ses 11 ans. Je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres... Je ne gérais pas vraiment, je pensais à des solutions, sans trop y arriver. Je me demandais chaque jour si j'avais fait quelque chose qui n'allait pas. Dès qu'il y avait une accalmie, je me disais que c'était enfin terminé et finalement rebelote, c'était comme un éternel recommencement. Mensonges, mauvais comportement à l'école, soirées à outrance… Les disputes, les menaces, les cris, les punitions, ça ne marchait pas, elle me regardait en riant ! En ruminant, le temps passait et les solutions ne venaient pas. Jusqu'à ce que je saute le pas : nous sommes allées voir un psy ensemble et les choses rentrent dans l'ordre", Corinne, 46 ans
L'avis de la spécialiste : le mensonge est normal chez l'adolescent, il protège ses parents. Mais effectivement, si ça va trop loin, il faut accompagner l'adolescent et le psy est une solution. Il sera témoin, expliquera ce qui est grave, ce qui ne l'est pas et va aider à rétablir la communication entre l'ado et sa mère. C'est une bonne démarche, surtout si le parent se sent démuni. Il ne faut pas hésiter. Plutôt que de monter les décibels et ruminer, la tierce personne est une solution. Il ne faut pas s'imaginer tout de suite qu'il s'agira d'une thérapie longue et qu'on est un cas difficile. Ce n'est pas une honte et ça ne veut pas forcément dire qu'on est dans une situation grave. Ce n'est pas un échec que d'aller voir un psy.
"J'ai instauré beaucoup de communication entre elle et moi"
"J'ai beaucoup travaillé sur le dialogue. Des mots, toujours des mots. Entre le mal dans sa peau, ses angoisses, les transformations de son corps parfois mal acceptées ou arrivant trop tôt. Quand ma fille a eu ses règles pour la première fois, elle a hurlé en pleurant : je suis trop petite ! Tout commençait. On a énormément parlé. Je n'ai jamais hésité à lui dire ce que moi je ressentais, en tant que mère. C'est extrêmement important", Sandra 50 ans
L'avis de la spécialiste : le dialogue est essentiel. Cette maman a tout a fait raison. La majorité des problèmes chez l'adolescent vient du relationnel : relations avec les parents, relations avec les enseignants… Alors prendre le souci par ce bout-là et établir une bonne communication améliore nettement la situation. Il faut que chacun exprimer ses ressentis. La maman doit expliquer ses inquiétudes (parfois dramatisées), et l'adolescent doit défendre son point de vue, souvent idyllique (par exemple, l'ado pense s'amuser à une soirée et la maman n'y voit que des dangers). En partageant leurs points de vue, ils vont trouver un compromis. Ils font un chemin l'un vers l'autre. Parfois, l'ado a du mal à parler mais c'est en lui parlant volontiers qu'il parlera ensuite volontiers.
Il faut toujours expliquer à l'ado pourquoi on pense ceci ou cela, pourquoi on interdit telle chose ou on en préconise d'autres. Montrez-lui que vous le comprenez, expliquez-lui que vous avez eu son âge, que vous savez, mais que vous êtes aussi les témoins de la réalité de la société et que vous savez ce que vous dites.
"J'ai lâché du lest"
"J'ai fini par lâcher du lest et reconnaître que mon fils pouvait très bien être responsable. Du moins, c'est ce qu'il voulait : prendre son indépendance, rentrer tard…. Je n'étais pas très rassurée mais j'ai laissé faire. Mon mari trouvait que je baissais les bras. Moi je pensais plutôt que j'écoutais enfin mon ado bien que ses sorties à point d'heure agrémentées de tabac et d'alcool ne m'enchantaient guerre. C'est à partir de ce jour-là que finalement, face à ses responsabilités, il m'a comme remerciée en me montrant qu'il était capable de se gérer. Et de bien se gérer. Penser qu'un ado ne sait pas se débrouiller seul c'est lui donner envie d'être à la hauteur de cette fausse idée qu'on lui donne. Au contraire, croire en lui l'encourage et il tend à devenir plus "raisonnable", Caroline 45 ans
L'avis de la spécialiste : il faut poser un cadre à l'adolescence, certes mais il faut laisser une marge d'autonomie, c'est important. Il n'y a pas de liberté sans règles. L'adolescent veut aller de l'avant mais dans le fond se sent rassuré en sachant que ses parents sont là par leur amour et leurs repères. C'est parce qu'on décide de lui faire confiance qu'il ne trahit pas cette confiance. Il se sent responsabilisé. Il faut donc éduquer sans contrôler mais en mettant quelques cadres à l'intérieur.
Si on ne lâche pas du tout l'ado, il reste enfant. C'est régressif. Et si un jour ça lâche, c'est pire : l'ado a des comportements à risque, il rattrape le temps perdu. Ce après quoi les parents concluent : "On savait bien qu'on ne pouvait pas lui faire confiance !" et l'engrenage commence. Il faut donc lâcher du lest petit à petit : c'est le principe même d'autonomie.
"J'ai rencontré d'autres parents"
"J'ai été dans un café de la maison des parents. En fait, c'est un lieu où on vous accompagne : vous pouvez aller à des débats, des conférences avec des professionnels spécialistes de la question de l'adolescence, ou même simplement consulter. J'y ai trouvé beaucoup de réconfort et beaucoup de réponses à mes questions. Cela m'a aidée à prendre du recul. J'ai appris beaucoup de l'adolescence. Et puis ma fille a grandit. Je pense sincèrement aujourd'hui que le café et mes allers et venues m'ont apporté beaucoup", Béatrice 53 ans
L'avis de la spécialiste : c'est important de partager son expérience. On se rend compte ainsi que notre cas n'est pas unique, que notre problème est relativement "répandu". Et cela réconforte…. Et déculpabilise. On réalise que la période de l'adolescence n'est pas simple. On y trouve des conseils, des idées, du soutien. A côté de cette solution, il faut chercher à établir un dialogue avec son ado. Ce genre de démarche ne suffit peut-être pas pour les gros soucis mais ça se tente, bien entendu.
source: yahoo.fr