De l'importance de bons médecins en phase palliative

Jacques Fabrizi a souhaité s'intéresser au regard des soignants dans une relation de soins quand le temps des traitements à visée curative n’est plus d’actualité. Extraits de "Déjà-presque-mort mais encore-si-terriblement-vivant" (2/2).
Que cherche le patient à travers notre regard si ce n’est d’essayer de lire dans nos yeux son devenir et de comprendre ce qui l’attend ? À travers notre regard, c’est un miroir qui lui est tendu. Réciproquement, c’est dans les yeux du patient que le soignant pourra lire sa détresse, ses peurs, ses angoisses. En phase palliative, l’angoisse de la mort est omniprésente ou plutôt l’angoisse du mourir, tant cette notion est associée à souffrances.
Cette angoisse n’est pas toujours exprimée par crainte d’importuner, de déranger le personnel médical mais aussi le conjoint ou les enfants avec l’arrière-pensée de les protéger. La personne en situation de mourir préfère rester dans le non-dit et se réfugier dans le silence, un silence pesant, assourdissant tant il est douloureux et intolérable à son entourage et qui confine parfois au supplice. La parole disparaît, il ne reste plus que le regard… À ce stade, le soignant peut, par un regard approprié, traduire sa disponibilité, son empathie, sa compassion, maintenir une relation et juger du réconfort, du bien-être apporté. En pareilles circonstances, surprendre l’ébauche d’un sourire sur un visage dévasté par la maladie constitue, pour le médecin que je suis, un merveilleux retour.
source: Yahoo.fr