Les raisons du pourquoi je ne dors plus



Je dors d’un sommeil éveillé.

Ça veut dire que ça donne un truc du genre « je ferme le yeux mais pas mes oreilles. Et encore moins mon cerveau ».
1/ « Coucou nous sommes tes angoisses »
Il y a des jours où je me couche, sereine, après une bien belle journée. Tout présage une belle et douce nuit. Je me roule sous la couette en même temps que je tasse mon oreiller à coup de tête et je ferme les yeux. 4…3…2…1… « et si j’avais une tumeur ? » « et si la variole s’abattait sur mes enfants ? » BIENVENUES aux angoisses qui servent à rien et à la nuit blanche et sueurs froides qui s’annoncent.
2/ « Coucou je suis la rhinopharyngite-trachéite-bronchiolite-toussotite de ton greffon »
Et donc DES que tu vas t’endormir, il va tousser. Systématiquement. Parfois, alors que tu seras sur le point de craquer psychologiquement en pensant sérieusement à te nouer une corde avec les bras de tous les doudous réunis, il va même jusqu’à te faire croire qu’il s’étouffe.
Tu passeras donc la fin de la nuit suspendu à  ton téléphone avec le SAMU pour savoir si tu dois l’emmener ou non aux urgences. Et tu l’emmèneras. Parce que là bas, ils ne feront rien de bien utile non plus, mais tu ne rates jamais une occasion qu’ils se choppe une maladie nosocomiale.
3/ « Coucou je suis les miasmes de ton enfant »
Parce que trainer avec des greffons à longueur de temps implique quelques soucis de mimétisme, on choppe un rhume (ou une gastro, mais là, même pas on essaye de dormir).
On s’endort tranquillou, le calme règne dans la maison quand TOUT A COUP, un ronflement nous réveille en sursaut. Pourtant tout est calme. On se rendort vaguement et TOUT A COUP, de nouveau ce ronflement insupportable. Ha. C’est nous en fait. C’est ça. On finit la nuit la bouche asséchée d’être restée ouverte (rapport qu’il faut respirer et que notre ronflement glamour allait réveiller les Scotchs). Mais on n’a toujours pas dormi.
4/ « Coucou je suis ton angoisse, volume 2″
« Je vais voir s’il respire encore ». Jour 1 du greffon. Habitude qui se réitérera environ tous les jours jusqu’à ses 31 ans. 143 fois par nuit. Remarquez, on en profite à chaque fois pour aller aux toilettes. Non ? Ha non. Mais si on compte tous ces allers-retour dans le couloir ça s’appelle du sport. Ha non, non plus.
5/ « Coucou je suis la culpabilité »
C’est enfin bien dans le noir qu’on arrive à rassembler ce qu’il nous reste de neurones de la journée pour réfléchir quelques minutes à notre condition de parent. Et voilà comment on se retrouve, en 3 secondes et demi, à se trouver suffisamment nul(le) pour vouloir se taillader les veines à l’aide d’un couteau de Playmobil.
« Je ne joue pas assez avec eux, je me fâche trop souvent, j’en demande trop, j’en fais pas assez, je dis des gros mots, je travaille trop tard, je suis un mauvais exemple… »
Bonjour, il est 6h12, vous avez bien dormi ? Ah non.
6/ « Coucou, je suis l’envie nocturne »
« Mamaaaaaan, pipiiiiiii »
« Mamannnnn j’ai peur »
« Mamannnnn, mon doudou »
« Mamannnnn, ha non, rien »
« J’ai mal, j’ai froid, j’ai faim, j’ai tout, j’ai rien »
Même les boules Quiès n’y peuvent plus rien, dès qu’on enlève les barreaux du lit.
7/ « Coucou je suis THE list »
Faire les courses: check, repas de midi de demain: check, les chaussons de danse: check, recoudre le bouton du manteau: ha meeeerde. 
Et tous les soirs, on recommence, parce que 2 heures à passer à faire mentalement des listes, ça nous ramène régulièrement au point n°6 et faut croire que c’est notre favori.
8/ « Coucou, je suis l’insomnie »
Maintenant qu’on a bien pris l’habitude de se torturer avec les points 1 à 7 durant plusieurs loooongs mois, il est grand temps d’accueillir l’insomnie. Puisque 3 heures de sommeil par nuit, ça suffisait, finalement, non ? Comment ça non ? Ha bah si. Si si.
Reste les siestes derrière votre bureau, sinon. Et un bon anti-cernes.

source: enfant.com