Le grand déballage autour de la mort de Michael Jackson continue. Cette fois, c'est au tour du docteur Conrad Murray de prendre la parole pour rétablir sa vérité. Un mois après sa sortie de prison, le 28 octobre dernier, le médecin personnel du roi de la pop a donné une interview exclusive au Daily Mail pour livrer sa version des faits au grand public. Comme il fallait s'y attendre, il nie toute responsabilité dans la mort de son célèbre patient survenue le 25 juin 2009. "Cette nuit-là, raconte Murray au quotidien britannique, il ne pouvait pas dormir. Je lui ai prescrit des médicaments pour l'aider, y compris du valium et du lorazépam, mais il en réclamait toujours plus, il était au bord des larmes :
Je veux dormir, s'il vous plaît, Dr Conrad, j'ai besoin de sommeil. Je lui ai répondu : Ce n'est pas normal. Ce que je vous ai donné assommerait un éléphant !" Le docteur affirme qu'il a fait "à contrecoeur" une injection de 25 mg de Propofol, un puissant anesthésique mis en cause dans le décès du chanteur. Une quantité, selon lui, "minuscule", censée s'estomper en quelques minutes. Le médecin reste à son chevet pour s'assurer que la star s'endort, puis quitte sa chambre pour aller répondre à un coup de fil. "Je pense qu'il s'est réveillé, qu'il est allé fouiller dans sa propre cachette de Propofol et qu'il s'est injecté lui-même une dose. Il l'a fait trop rapidement, ce qui a entraîné un arrêt cardiaque."
Secret, fragile et terriblement seul
La justice prouvera en effet que Michael Jackson est décédé ce matin-là d'un effroyable cocktail de sédatifs, contenant notamment une surdose de 100 mg de Propofol. "Quand je suis revenu dans la pièce, poursuit le docteur Murray, j'ai vu immédiatement qu'il ne respirait pas." Il prend son pouls et commence sur-le-champ un massage cardiaque sur le lit, sans appeler les secours, une négligence qui lui sera reprochée. "Je suis un spécialiste cardiaque, insiste Murray. J'ai ressuscité des milliers de personnes ! Michael était mon ami, mais j'ai accompli, comme pour les autres, les gestes médicaux appropriés." Le médecin ne parvient pas à ranimer la star et les gardes du corps, enfin alertés, préviennent les secours. Selon Murray, Michael Jackson était toujours vivant en arrivant à l'hôpital, ce qu'a contesté l'un des membres de l'équipe de secours : "Son activité cardiaque était prouvée sur deux électrocardiogrammes, insiste Murray. Mais l'impulsion n'était pas suffisante pour générer la vie. J'étais dans la salle d'urgence, je les voyais. Ils ont essayé pendant une heure de le sauver, ils l'appelaient." Le roi de la pop est déclaré mort ce 25 juin à 14 h 26.
"Je n'ai pas tué Michael Jackson, répète en boucle Conrad Murray. Il était accro à la drogue : Michael Jackson a accidentellement tué Michael Jackson." Le médecin, qui se définit comme un ami et un confident du chanteur, n'épargne pourtant aucun détail intime de l'homme qu'il était censé protéger. Il le décrit comme un être fragile, secret et terriblement seul, vivant claquemuré dans sa villa de Los Angeles, ne laissant personne entrer dans sa chambre - à part ses enfants et le docteur Murray -, si bien qu'il finit par dormir dans la saleté et un désordre indescriptible. Son médecin devient son homme de confiance, il lui pose une prothèse en plastique sur son nez abîmé, lui fournit des crèmes pour blanchir sa peau, lui lit des magazines le soir, le force à manger et à boire, toujours du riz et du poulet... "Vous voulez savoir à quel point nous étions proches ? lance-t-il à la journaliste du Daily Mail. Je l'aidais à mettre chaque nuit un étui pénien sur son sexe parce qu'il était devenu incontinent. Michael n'avait aucune idée de la façon dont ça se plaçait."
Les bras d'un toxicomane
Au fil de ce témoignage ahurissant, on découvre un être sous dépendance, stressé, n'ayant plus aucun lien avec sa famille. Quand le docteur Murray entre en contact avec la star, en 2006, il trouve un homme affaibli par des insomnies et des sautes d'humeur permanentes, accro au fameux Propofol. "Il me disait que des médecins en Allemagne lui en prescrivaient. Je n'étais pas d'accord, mais Michael n'était pas le genre d'homme à qui vous pouviez dire non. Il se débrouillait quand même pour en trouver", explique le docteur, qui affirme avoir essayé de diminuer peu à peu les doses. Un jour, il tente une franche explication avec son patient, en voyant le terrible état de ses veines. "Je lui ai dit : Michael, je n'ai jamais vu des bras avec ces veines, sauf chez un toxicomane." Peine perdue, le roi de la pop ne changera pas ses habitudes.
Conrad Murray, condamné à quatre ans de prison pour homicide involontaire en 2011, a bénéficié d'une remise de peine pour "bonne conduite". Il tente aujourd'hui de se disculper en chargeant la seule personne qui ne peut plus se défendre : Michael Jackson lui-même, un patient certainement difficile, mais surtout très seul et particulièrement stressé à l'idée de remonter sur scène pour une tournée éprouvante. Murray était payé 150 000 dollars par mois pour veiller sur le chanteur, une somme démentielle censée couvrir ses propres dettes, une zone d'ombre sur laquelle il évite soigneusement de s'épancher. Quelques semaines avant de mourir, Michael Jackson se serait curieusement confessé auprès de son médecin controversé : "Tu sais, pour le reste de ta vie et de ma vie, nos noms seront inséparables, je le sais, je suis clairvoyant." Il ne croyait pas si bien dire.
source: yahoo.fr