Narcisses : sommes-nous la génération la plus obsédée par ses défauts physiques de l'histoire de l'humanité ?

Michel Maffesoli : Tout d’abord, il faut dire et redire, jusqu’à plus soif, qu’à l’encontre de ce qu’il est fréquent, en France, d’affirmer, et de continuer à nommer : « la société moderne », nous sommes rentrés dans un autre cycle dont on a du mal à apprécier les contours, celui de la POSTMODERNITE. C’est dans ce cadre là qu’il faut cesser de parler, comme il est coutume de le faire d’un narcissisme contemporain. Pour ma part, j’ai à de nombreuses reprises, rendu attentif au fait que ce dont il est question est bien un narcissisme collectif. C’est-à-dire, ne pas se regarder simplement le nombril, mais se regarder le nombril les uns les autres. C’est en ce sens que l’on peut comprendre l’attitude de Kim Kardashian, qui en parlant, coram populo, face au peuple, souligne bien que son vagin n’est pas une affaire privée, mais bien quelque chose de collectif. Puis-je à cet égard rappeler, pour reprendre une expression française, qu’au XIXème siècle, apogée de la modernité, tout était permis derrière « le mur de la vie privée ».