Arafat: les experts français écartent la thèse de l'empoisonnement




Les experts mandatés par la justice française écartent la thèse d'un empoisonnement de Yasser Arafat et privilégient une mort naturelle du leader palestinien, dans un rapport qui a relancé mardi la polémique autour de ce dossier ultra sensible.
"Ce rapport écarte la thèse de l'empoisonnement et va dans le sens d'une mort naturelle", a assuré à l'AFP une source proche du dossier. A l'inverse, des experts suisses avaient indiqué début novembre qu'ils privilégiaient cette piste.
"Combien je suis bouleversée par ces contradictions (...) Que faut-il penser ?", a réagi en début de soirée lors d'une conférence de presse Souha Arafat, la veuve du chef historique palestinien, ajoutant n'incriminer "personne" dans le décès de son mari.
Les deux équipes suisse et française partent toutefois d'un même constat: il y avait dans le corps de Yasser Arafat du polonium, substance radioactive hautement toxique, en dose supérieure à la moyenne, a-t-elle expliqué.
Pour les Français, la présence d'un gaz radioactif naturel, le radon, dans l'environnement extérieur, expliquerait ces fortes quantités. Les Suisses "ont écarté l'influence du radon", a ajouté la veuve.
Son avocat, Pierre-Olivier Sur, a indiqué qu'il demanderait à ce que l'expertise suisse soit versée à la procédure française pour "croiser" les deux versions. "Il faut que les experts arrivent à nous donner une conclusion homogène", a-t-il souligné.
Souha Arafat avait déposé en juillet 2012 une plainte contre X pour assassinat après la découverte de polonium sur des effets personnels de son mari. Ce produit lui aurait été, selon elle, administré par un membre de son entourage.
Les juges d'instruction chargés de ce dossier avaient alors ordonné l'exhumation de la dépouille du dirigeant, ce qui fut fait en novembre 2012.
Une soixantaine d'échantillons avaient été répartis pour analyse entre trois équipes d'enquêteurs, suisses, français et russes, chacune effectuant son travail individuellement, sans contact avec les autres.
Bataille d'experts
Après la divulgation du rapport suisse, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait demandé la formation d'une commission d'enquête internationale, dans une déclaration à l'AFP.
"Israël est le premier, le principal et unique suspect", avait alors affirmé le président de la commission d'enquête officielle palestinienne sur la mort d'Arafat, Tawfiq Tiraoui.
Israël a toujours rejeté toute implication dans cette affaire. Mardi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a déclaré à l'AFP que les conclusions de l'expertise française n'étaient "pas une surprise". Il avait déjà démenti début novembre "des accusations sans fondement et sans la moindre preuve". "Israël n'a pas tué Arafat, point final", avait-il assuré.
A l'inverse, le neveu d'Arafat, Nasser al-Qidwa, qui préside la Fondation Yasser Arafat, s'est montré sceptique face aux conclusions des Français: "Je n'ai pas vu ce rapport. Mais toute information nouvelle sur la mort d'Arafat, en particulier venant de France, devrait être cohérente avec le rapport de l'hôpital en 2004", a-t-il déclaré à l'AFP.
Ce document faisait état d'une inflammation intestinale d'"allure infectieuse" et de troubles de la coagulation "sévères", mais n'élucidait pas les causes de la mort.
Yasser Arafat est mort à 75 ans le 11 novembre 2004. Il avait été admis fin octobre 2004 à l'hôpital militaire Percy, près de Paris, après avoir souffert de douleurs abdominales sans fièvre dans son quartier général de Ramallah, où il vivait confiné depuis décembre 2001, encerclé par l'armée israélienne. Sa veuve Souha n'avait pas demandé d'autopsie.


source: yahoo.fr