On me prend pour sa grand-mère
C’est souvent par le regard de ses pairs que l’enfant relève l’âge de ses parents. Tant qu’il est petit, il s’en étonne tout simplement. « Ce n’est pas une souffrance pour lui, plutôt une curiosité, assure la psychologue et psychothérapeute Christine Brunet. Et c’est une occasion idéale pour lui raconter son histoire : lui expliquer qu’il est né d’une fécondation in vitro, par exemple, lui redire le grand moment qu’a été son adoption… Ou pour simplement souligner : “J’ai attendu de rencontrer ton papa.” Il ne s’agit ni de se justifier ni de l’inciter à se justifier, lui, en racontant à l’école la vie de ses parents. Ce sont des récits à usage personnel dont l’enfant peut s’emparer pour nourrir son roman familial. » Une fois ado, même s’il ne l’avoue jamais à ses parents, l’enfant ne sera sans doute pas mécontent de trouver dans le passé plus riche de ses « vieux » matière à se poser et à s’imposer face à des pairs qui sont autant amis que rivaux : « Ma mère est docteure » ; « Mon père connaît l’Afrique »…
Mais il n’y a pas que le regard des petits copains qui pèse sur les rides des mamans matures. « Les autres parents et les instituteurs, c’est la grande claque ! s’exclame Christine. À Paris, mes copines avaient des enfants à peine plus âgés que les miens. Mais dans le village de campagne où nous sommes aujourd’hui installés, j’étais l’une des trois “vieilles” à la grille de l’école. Plus âgée même que certaines institutrices, qui en étaient parfois déstabilisées. » Le constat doit être modéré selon la personnalité de chacune, bien sûr, mais « quand vous avez quinze ans de plus qu’elles, et un statut de cadre en prime, vous êtes intimidante pour les autres mamans, regrette Françoise, 49 ans, mère de Lara, 9 ans. Les relations sont cordiales, mais restent plus distantes. » Socialement, l’enfant ne joue pas le même rôle intégrateur pour ces femmes en décalage temporel.
Je suis fatiguée »
Christine, Anne, Françoise, Laure, Laurence, toutes les mamans tardives interrogées pour cet article ont commencé par ce cri du cœur. Pas de mauvais souvenirs de grossesse, non, c’est ensuite que cela se corse : les nuits fractionnées des premiers mois dont on n’arrive pas à récupérer ; les courses contre la montre pour être à l’heure aux activités ou aux sorties d’école ; les sollicitations permanentes des enfants. « Ce n’est que du bonheur et je ne regrette rien, insiste Laure, 48 ans, maman de Louis, 5 ans. Mais c’est un épuisement que je n’avais pas anticipé, et je suis sûre que j’aurais mieux tenu le choc il y a dix ans. »
Sylviane Giampino propose d’envisager différemment cette sensation de surmenage, pour mieux la combattre peut-être : « Au-delà de la fatigue physique, cette plainte est aussi une expression de l’inquiétude qui touche les mères de tout âge. D’abord nourrie par le stress de la vie quotidienne quand l’enfant est petit, elle est ensuite attisée par l’angoisse du futur quand l’enfant avance dans sa scolarité. » Serai-je là suffisamment longtemps ? Pourrai-je suivre, financièrement mais aussi psychologiquement, le parcours de mon enfant ? La fatigue est également un signe d’anxiété.
source: yahoo.fr