Business de l'implantation de moustaches en Turquie, mode de la barbe de trois jours en Occident : le poil et la virilité semblent être de retour.
Atlantico : En Turquie, de plus en plus d’hommes se font implanter des moustaches ou des barbes pour gagner en crédibilité tandis qu’en Occident, les hommes reviennent à une pilosité assumée. Cela témoigne-t-il d’un retour à la virilité ?
Stéphane Héas : Bien qu’à première vue la question de la pilosité puisse sembler frivole, ce choix consiste en réalité à une véritable participation à la scène sociale. En effet, certaines cultures et certaines sociétés sont plus ou moins tricophiles ou tricophobes, et dans certains cas, se heurter à la norme pileuse peut exposer à une véritable exclusion sociale. L’un des exemples les plus violents était le régime taliban en Afghanistan qui obligeait les hommes à porter des barbes longues de plus d’une main et à se raser le pubis sous peine d’être violemment condamnés sous prétexte de ne pas être de bons musulmans. Je ne connais pas particulièrement le cas de la Turquie qui tire sa culture à la fois de l’Orient et de l’Occident mais quelles que soient les raisons qui poussent des gens à se faire implanter une barbe ou une moustache, cela témoigne bien de l’importance de la pilosité dans les relations sociales. Cela s’explique vraisemblablement par le fait qu’une absence de pilosité faciale représente un manque de prestige qui est, comme l’on montré les sociologues Goffman et Elias, le vecteur essentiel des relations sociales.
Pour l’Occident, je ne crois pas du tout que nous soyons sortis de la logique d’extermination de la pilosité, cette réapparition dans quelques publicités et cette micro tendance sont tout juste un sursaut, un frémissement. O
source: Yahoo.fr