Le président chinois Xi Jinping en rouge très communiste, le Russe Vladimir Poutine dans un admirable vert et le secrétaire d'Etat américain John Kerry en mauve: les dirigeants ont renoué avec la tradition de porter des "chemises ridicules", lundi au sommet de l'Asie-Pacifique.
La crise économique avait quelque peu douché les enthousiasmes et la tradition de faire porter aux puissants de ce monde des chemises traditionnelles des pays hôtes de leurs sommets s'était éteinte depuis la réunion du forum de Coopération économique de l'Asie-Pacifique (Apec) en 2009.
Certains des dirigeants avaient dû s'en réjouir. Depuis 1993, quand le président américain Bill Clinton avait lancé la tradition en faisant endosser à ses hôtes des vestes d'aviateur en cuir à Seattle, plus d'un chef d'Etat avait été immortalisé en un rictus forcé devant les photographes officiels.
Un des points culminants de ce que les journalistes ont vite appelé la séance des "chemises ridicules" fut probablement les ponchos bruns du Pérou, qui faisaient ressembler les grands de ce monde à des sacs à patates, selon les mauvaises langues.
Mais l'Indonésie a décidé de relancer la tradition au sommet de l'Apec qui s'est ouvert lundi sur l'île indonésienne de Bali.
Cette fois-ci, les 21 dirigeants ont eu le plaisir d'endosser des chemises de soie "endek", une technique consistant à broder des fils de couleurs différentes.
Et pour détendre davantage des convives fatigués d'une journée de débats sur les patentes commerciales et les risques pesant sur la croissance économique, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a décidé de montrer à ses invités ses talents reconnus de chanteur.
Prenant pour excuse le 61e anniversaire de son homologue russe, SBY, comme il est appelé en Indonésie, s'est emparé d'une guitare avant d'entonner un "Happy Birthday" devant les dirigeants costumés, peu avant l'incontournable dîner de gala.
"Détendons-nous, apprécions le dîner et le spectacle", a-t-il lancé à son assistance, avant que des danseurs balinais ne montent sur la scène.
"C'était une surprise", a concédé Vladimir Poutine, avant de lancer un "terima kasih" ("merci" en indonésien).
Le président américain Barack Obama, qui a dû annuler sa participation en raison de la crise budgétaire chez lui, aura certainement beaucoup à regretter.