Le restaurant Taillevent, qui a perdu la troisième étoile en mars 2006, affiche depuis l'automne un menu d'exception organisé autour de cinq grands vins blancs français, escortés par de très nobles préparations de haute cuisine signées du chef Alain Solivérès. Le prix? 1.200 euros, par personne. Il faut être dix à table pour profiter de ces mariages mets et vins, soit une addition totale de 12.000 euros. Qui dit mieux dans le cénacle des grands étoilés?
Ce déjeuner ou dîner d'anthologie repose sur une base historique. Le journaliste gastronome Curnonsky (1872-1956), auteur de nombreux ouvrages dont La France gastronomique en 28 fascicules, avait classé dans les années 1950 les cinq meilleurs vins blancs français: le Château d'Yquem, «cru exceptionnel de Sauternes», le Montrachet, «le plus beau blanc de Bourgogne», la Coulée de Serrant, «noble Savennières d'Anjou», le Château Grillet, «AOC de Condrieu de la Vallée du Rhône» et le Château Chalon, «le vin jaune éternel du Jura à base de savagnin».
A ce quintette de joyaux de la viticulture française, on pourrait ajouter en 2013 le Haut-Brion blanc, des vendanges tardives d'Alsace, l'Hermitage blanc de Chave et une grande cuvée de champagne style Dom Pérignon, Cristal de Roederer, Krug Grande Cuvée, Grand Siècle...
Les 5 plats et 5 vins du menu © Thomas Duval
Disons-le, la sélection de Curnonsky reflète le souci majeur du prince élu des gastronomes: il entendait promouvoir les vins des terroirs préférés du fondateur de l'Académie des Gastronomes, grand défenseur des richesses oenologiques de la province française, à l'exception de la Champagne dont les progrès en qualité et la formidable diffusion datent de l'après-Seconde Guerre mondiale (330 millions de bouteilles en 2013) -le fin palais Curnonsky n'avait pas l'âme champenoise, hélas.
source: yahoo.fr