De la terre rouge d’Afrique aux orangers en fleur de Séville, les parfumeurs nous entraînent dans des contrées magiques, celles de notre inconscient. Une escapade intime.
Le parfum et le rêve
Chaque matin, le monde m’appartient. Aujourd’hui, je serai andalouse, gitane têtue et enjôleuse, au sillage de fleur d’oranger et d’agrumes. Demain, un souffle d’ambre, un voile de patchouli, et peut-être oserai-je être odalisque à Istanbul. Sensuelle et intouchable. Ou piquante et poivrée, comme une Londonienne de Greenwich. Ou mutine et provocante jeune fille de Tokyo à la grâce d’une héroïne de manga. Jour après jour, me voilà autre, me voilà lointaine, livrée à la faveur des effluves d’un parfum qui m’entraîne.
Pour chacun d’entre nous, le parfum a toujours été associé à l’ailleurs. En premier lieu parce que, explique l’historienne Élisabeth de Feydeau, auteure des Cent Un Mots du parfum (Archibooks, 2013) « les matières premières – résines, huiles, aromates – n’étaient pas produites en Occident, elles venaient du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Amérique latine. C’est ainsi que le parfum est intrinsèquement lié aux voyages ». Les selles de cuir des croisés, les caravelles vénitiennes, les expéditions cinglant vers la Chine ou le Brésil, les récits des marins et des marchands transportant avec eux des exhalaisons de musc, de santal, de fève tonka ou de bergamote… Sans même qu’il soit besoin de les humer, les mots et les contes ont déjà offert à notre univers onirique les images qui associent définitivement en nous odeur et voyage, ivresses olfactives et odyssées vers l’inconnu. Sans oublier, poursuit Élisabeth de Feydeau, que « l’exotisme a toujours nourri les grands créateurs, notamment les parfumeurs ».
source: yahoo.fr